lunes, 23 febrero 2015
Du côté de chez Chikungunya
Nous voilà en « terre chaude », comme on l’appelle ici. Dans les tropiques, le climat change avec l’altitude ; plus on monte, plus il fait frais. La végétation change aussi en conséquence. À la capitale, à plus de deux mille mètres, c’est la « terre froide» ; entre mille et deux mille, c’est la « terre tempérée » et à moins de mille mètres, il fait chaud. Ces limites sont approximatives. Les meilleures zones pour l’agriculture sont en terre tempérée, par exemple pour le café. Dans la terre froide on trouve la pomme de terre et le blé. Pour voir la neige il faut monter à plus de quatre mille mètres. Les Bogotanais cherchent le climat chaud en descendant du haut plateau à une heure de route. L’hiver ici c’est la période des pluies et l’été c’est la saison sèche.
Neiva, à 442 mètres d’altitude, dans la vallée du grand fleuve Magdalena qui traverse le pays du sud vers le nord jusqu’à la mer des Caraïbes, la température est caniculaire avec plus de trente degrés centigrades facilement. À Gigante, dans le même département du Huila, on est à huit cent soixante mètres d’altitude, mais le thermomètre marque plus de vingt-six sans problème.
La nouveauté cette année est l’épidémie de chikungunya qui est arrivée d’Afrique et attaque dans les terres chaudes où le moustique se développe à son goût. J’avais entendu parler en France à propos de l’Île de la Réunion où chaque année il y a des périodes de résurgence depuis une dizaine d’années. Les statistiques du Ministère de la santé colombien annoncent dans les cent cinquante mille malades et quelques rares cas de décès.
D’après la Wikipédia, le nom vient de la langue africaine makondée et signifie « qui se recourbe, qui se recroqueville », à l'image des feuilles tombées des arbres qui se recourbent en séchant et veut dire aussi «la maladie de l’homme courbé » car les symptômes sont une inflammation douloureuse des articulations et de la fièvre. Ça peut durer d’une semaine à quelques mois. Il n’y a pas de vaccin et le traitement est surtout des antidouleurs et du repos.
Ici, on ne trouve presque plus de moustiquaire en vente, surtout pour un lit double. Nous avons failli le faire fabriquer à Bogota. Les gens disent n’importe quoi sur la maladie. Il y en a qui pensent que c’est plutôt dû à la contamination de l’eau par des métaux lourds employés par les chercheurs d’or ; d’autres que c’est plutôt de l’hépatite ou au contraire que c’est en buvant de l’alcool que l’on peut se guérir (ce qui a déjà produit des morts supplémentaires). Les remèdes populaires ne manquent pas : on doit se frotter la peau avec du citron, on doit boire je ne sais pas quelle plante ou se baigner dans de l’eau froide.
Comme nous n’avions pas très envie de venir nous faire piquer par le fameux moustique (Aedes aegypti), nous avons pris sept jours avant un cachet de Tianima (vitamine B1) par jour, car paraît-il que grâce à ce médicament, on produit une odeur qui éloigne les moustiques (je suis un peu sceptique). Nous avons aussi acheté une moustiquaire pour couvrir le lit et essayer de dormir protégés des piqûres. Dans la journée nous nous mettons régulièrement sur la peau une lotion contre les moustiques.
Dans la famille plusieurs personnes ont déjà été malades depuis des bébés jusqu’à des personnes âgées. Toujours est-il que j’ai toujours été un bon repas pour ces animaux ; ils me piquent sans pitié et sans que je me rende compte. Espérons que ceux qui m’approchent ne soient pas contaminés. De toute manière, la maladie met cinq ou six jours après la piqûre pour se manifester.
23:29 Anotado en Naturaleza, Viajes | Permalink | Comentarios (0) | Tags: colombia, salud, trópico