lunes, 22 febrero 2016
Jour de marché
Il faisait plus chaud et humide que d'habitude. Le soleil tapait fort à la verticale de mon chapeau de paille. Dans la place principale du village deux policiers fouillaient deux hommes qui n'avait pas l'air plus louches que d'autres qui les regardaient. Avant d'arriver au distributeur de billets, on entendait le bip bip de la machine qui ne voulait pas donner plus d'argent, car elle était en panne.
De retour par la place principale, ni les policiers ni les hommes fouillés n'étaient plus là. Le grand fromager centenaire ne donnait pas assez d'ombre par manque de feuillage, mais un peu plus loin sous des arbres plus généreux les gens assis sur des bancs publics buvaient des boissons fraîches pour se désaltérer.
Au coin de la rue un vendeur de chontaduros, le fruit d'un palmier, offrait sa marchandise sous un grand parasol. (Je n'aime pas ce fruit.) Nous en avons acheté trois déjà cuits. Le bruit augmentait lorsque l'on s'approchait du marché. C'était très animé. Les magasins ouverts, les bars plein d'hommes en train de boire de la bière, la musique mexicaine trop forte envahissait nos oreilles (rancheras avec des paroles sur des chagrins d'amour, des guitares, violons, trompettes ou accordéon).
Un jeune homme torse nu, sans chaussures, et sale discutait avec une femme qui lui criait dessus. Les gens observaient plutôt souriants. La femme était saoule, on m'a dit que c'était sa mère qui passe les journées à boire dans ce bar. Le fils est un petit voleur sans cerveau. Nous ne nous sommes pas arrêtés. Leur dispute continuait derrière nous.
Plus tard dans l'après-midi, en sortant de la maison pour aller manger des gâteaux fameux à un village à une demi-heure de route, je vois passer en courant le jeune homme de midi qui regardait en arrière dans sa course. Il entre dans une maison plus loin. On dirait que tout le village regardait la scène amusé. Derrière lui est apparu sa mère qui courait à toute allure pour le rattraper. Un troisième personnage que je n'avait pas vu auparavant courait derrière les deux. Ils sont entrés dans la même maison.
Il y avait une tension dans l'air. Je m'attendais à des tirs de pistolet ou à les voir sortir blessés de la maison. En fait le premier jeune homme est en effet sorti en courant de nouveau et sa mère et le troisième jeune derrière lui. Les gens s'amusaient de voir la scène. Nous n'avions pas envie de rigoler.
De retour, le village était plus calme. La pluie avait rendu la température plus supportable. Les soûlards étaient rentré chez eux. On nous a raconté que des volants avaient été distribués clandestinement avec un message menaçant contre les soûlards, les vagabonds, les drogués et les inoccupés qui étaient en train de rendre invivable le village.
Pendant plusieurs semaines la paix est revenue. Certains disaient que c'était la police qui avait fait circuler le message. D'autres que c'était la guerrilla. Personne ne sait que c'est moi qui, fatigué de tout ce bacarme, ai photocopié et fait distribuer en secret un vieux papier que l'on m'a mis sous ma porte d'entrée l'année dernière dans des circonstances similaires. J'espère que cette fois la tranquilité durera plus d'un an.
22:59 Anotado en Cuentos | Permalink | Comentarios (0) | Tags: ficción, microrrelatos, colombia
jueves, 04 febrero 2016
Les voitures
Cette fois c'était plus facile de prendre le volant. Je n'ai pas perdu les reflets acquis lors du dernier voyage. Le problème c'était la voiture que par manque d'usage avait la batterie à plat. Même en la faisant démarrer avec des câbles et en la laissant tourner presque une heure, la charge ne tenait pas. Il a fallu une nuit de charge lente pour réveiller la fée l'électricité.
Une révision générale était nécessaire pour prendre la route et descendre à la « Terre chaude ». (Il fait trop chaud cette année à cause du phénomène du Niño.) L'année dernière j'ai utilisé GoogleMaps de mon téléphone pour trouver mon chemin, mais ce n'était pas fiable ni précis. Je me suis donc décidé à acheter un vrai GPS. Après quelques recherches, j'ai trouvé un magasin Garmin qui m'a dépanné. C'est quand même plus pratique comme ça !
La circulation alternée est toujours appliquée dans les grandes villes. À Bogota les jours pairs, de lundi à vendredi, les voitures qui ont un numéro d'immatriculation pair ne peuvent pas circuler aux heures de pointe, soit de 6h à 8h30 ni de 15h à 19h30. Le problème est que je me suis trompé en pensant que c'était le contraire et un jour pair en pleine plage horaire de «pico y placa» (interdiction de circuler), je me suis retrouvé avec ma voiture à numéro pair face à des policiers qui ne voulaient pas comprendre que j'habite à l'étranger et que je n'étais pas bien au courant des règles. J'attends l'amende. Paraît-il que si je suis un cours de sensibilisation routière, je pourrais avoir une réduction sur le montant à payer.
Quitter Bogota est toujours difficile aux heures de pointe. En partant à 8h45 du matin un mercredi depuis le nord de la ville, il m'a fallu deux heures pour arriver au premier péage au sud. Un cauchemar. Après tout s'est bien passé jusqu'au moment où un accident de la circulation nous a fait attendre facilement 30 minutes près de Melgar, le temps qu'ils dégagent la route.
Le parcours des 406 km jusqu'à Gigante, chez ma belle-mère, nous a pris toute la journée. Arrivée à 19h après deux pause repas et repos.
Ici comme ailleurs, les voitures perdent très vite la valeur. Acheter et garder une voiture longtemps n'est pas une bonne affaire, sauf si c'est une voiture de luxe ou de collection. J'ai eu l'idée de me renseigner sur la possibilité d'acheter une nouvelle voiture en leasing en donnant la vieille comme apport. Aujourd'hui je suis allé chez un concessionnaire Renault où l'on m'a proposé une Sandero automatique bien équipée pour 42 millions de pesos après réductions, soit 12000 euros. Avec la reprise, il faudrait un crédit LOA de 8000 euros. On verra bien si ça vaut la peine. Le pire est que cette nouvelle voiture vient avec un GPS incorporé et celui que nous avons acheté serait de trop. (GPS à vendre pas cher.)
De toute façon les voitures pour moi sont des utilitaires. Je ne cherche pas à me faire remarquer ni montrer je ne sais pas quelle richesse. Ici la voiture est encore considérée comme un luxe et un signe de bien-être.
04:17 Anotado en Elucubraciones, Viajes | Permalink | Comentarios (0) | Tags: colombia, transporte, préstamos
martes, 26 enero 2016
Guerre et paix
J'espère que le gouvernement colombien arrivera très bientôt à un accord de paix avec la guérilla des FARC. Avec l'autre guérilla ELN il semble que c'est plus compliqué. Ce conflit armé dure depuis trop longtemps sans aboutir car aucun des deux parties n'arrive à gagner la guerre. Le problème est très complexe et il y a des extrémistes de tous bords qui s'opposent. Les grandes villes n'ont pas senti la guerre, mais les paysans ont dû quitter leurs terres pour venir sauver leurs peaux dans les villes. C'est une migration interne très importante.
Les gens sont tellement habitués à vivre dans cet état de guerre qu'ils ne savent plus ce qu'est la paix. Ils s'imaginent que la paix c'est le paradis, qu'il n'y a plus de problèmes, que tout le monde est gentil et que la délinquance commune n'existe plus.
Si 90% des guérilleros déposent les armes, ce sera un succès extraordinaire. C'est ce qui est arrivé avec les paramilitaires pendant le gouvernement d'Uribe. Pourtant des groupes paramilitaires subsistent, mais ils sont moins importants. D'autres disent que le président actuel cherche le prix Nobel de la paix. Ce n'est pas un argument valable contre les accords de paix. Ça m'est égale qu'il ait ou pas ce prix (je ne crois pas qu'il l'aura, quoique Obama l'a eu et pourtant il a fait la guerre). Ce qui compte est le pays, pas lui. D'autres disent qu'Uribe est contre les accords de paix car c'est lui qui voulait les avoir signé. C'est quand même fou.
Pour avoir une idée de la situation actuelle du pays, il est intéressant de voir le site du Ministère français des affaires étrangères (voir le lien plus bas). La carte de la Colombie que j'ai copiée ici vient de ce site. Elle montre les zones où les touristes français peuvent évoluer sans trop de danger et d'autres où il est formellement déconseillé de s'y rendre. À mon avis cela reflète les zones contrôlées par l'état et celles contrôlées par la guérilla ou les mafias de tout genre. Les habitants de la capitale ne se rendent pas compte de ce que représente de vivre dans une zone de conflit.
J'ai entendu à la radio française il y a quelques semaines un reportage sur un chef d'orchestre Syrien habitant Damas. Il disait qu'il continuait à travailler et à donner des concerts car la vie continuait, que même s'il y avait des explosions, la ville était plutôt sûre. Quand on voit les images à la télévision sur la guerre en Syrie, on s'imagine que personne n'est en sécurité, mais il y a toujours des îlots de tranquillité relative là où les forces en guerre ont le contrôle de la situation.
J'aimerais pouvoir voyager dans mon pays sans risques. J'espère que la guerre contre Daesh en France ne trouble pas la paix de ce pays non plus. En fait, la guerre n'est qu'un moyen pour arriver à négocier la paix entre les parties. On ne peut pas éliminer complètement l'énemi, sauf avec une guerre nucléaire qui détruirait la planète bien sûr. C'est pourquoi la diplomatie est importante.
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/c...
01:49 Anotado en Elucubraciones, Viajes | Permalink | Comentarios (0) | Tags: colombia, guerrila, paz